Quatrième de
couverture
Travis Shelton est un jeune gars de dix-sept ans, en perpétuel conflit avec son père, un peu bravache, un peu paumé. L’été où
débute ce roman, un jour de pêche à la truite, le hasard lui offre l’occasion de commettre la bêtise qui va sans doute changer le cours de sa vie : il tombe sur une plantation clandestine de
chanvre indien. C’est un jeu d’enfant de couper quelques pieds et de charger le plateau de son pick-up.
Pour écouler la moisson miraculeuse, il s’adresse à un ancien prof devenu dealer, Leonard Shuler. Trois récoltes scélérates
plus tard, Travis est surpris par le propriétaire du champ, l’intraitable Carlton Toomey, qui lui sectionne au couteau le tendon d’Achille, histoire de lui apprendre qu’on ne vole pas le bien
d’autrui. Mais ce ne sera pas la seule leçon de cet été-là : Travis quitte ensuite la maison paternelle et trouve refuge dans le mobile home de Leonard, qui va devenir son mentor.
À cette occasion, Travis découvrira les lourds secrets qui pèsent sur la communauté de Shelton Laurel depuis un massacre
perpétré pendant la Guerre de Sécession, et se trouvera confronté aux doutes engendrés par le passé. Le passage à la stature d’homme se fera certes, et comme souvent, au prix de la découverte de
l’amour et de la rupture avec le père, mais il y aura aussi un prix plus fort à payer, qui aura pour monnaie le sang.
Coup de coeur ! Ron
Rash... Ron Rash... que celui qui n'a pas encore lu Un pied au
paradis sorte immédiatement. Parce que c'était déjà lui, oui, Ron Rash, un des meilleurs auteurs américains du moment. Si l'on avait pu être un peu déçus par les
quelques imperfections de Serena, traduit l'année dernière alors que, chronologiquement,
c'était déjà son troisième roman (2008), vous pouvez sans aucune retenue vous plonger dans Le monde à l'endroit. Aussi profond et touchant qu'Un pied au paradis, l'histoire se
passe de nos jours, aux pieds des Appalaches dans le comté de Marshall (Caroline du Nord). Même si l'auteur prend quelques libertés avec la géographie il n'est pas trop difficile de retrouver les
endroits situés. Ça c'est pour le dépaysement.
Pour le reste, comme à son accoutumé, l'auteur s'attache à décrire les petites gens dans cet état où la ruralité est encore très importante. Ici, on cultive le tabac et si l'on est fils de
fermier, il n'y a pas beaucoup de possibilités autres que de reprendre l'entreprise familiale. C'est ce que vit Travis et ce qu'il ne supporte plus. Alors il traîne, boit, prend quelques pilules
magiques ou va pêcher à la cuillère la truite arc-en-ciel et écouter les moucherolles chanter au bord de la Caney Creek. Mais sa rencontre malencontreuse avec un dealer à qui il a volé quelques
pieds de marijuana va faire basculer sa vie.
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Car Travis va croiser un autre dealer qui deviendra son mentor car ancien professeur et prêt à tout pour l'aider à reprendre
les études.
Ron Rash nous parle à nouveau de destin d'hommes, de la terre, de la nature et
d'Histoire. Mettant en parallèle un fait d'histoire
ayant vraiment existé : le massacre de treize hommes et enfants accusés d'être pour les confédérés par des soldats
de l'Union à Shelton Laurel Valley en 1963, il relie le passé au présent avec encore une fois une sensibilité et un humanisme incroyable. Rien dans les pages de ce roman
rural et social ne vous laisse indifférent. Jusqu'aux personnages secondaires tels la pauvre Dena, prostituée édentée et droguée. Il y est question aussi de relation père-fils, du passage à l'âge adulte, d'évolution sociale et d'une
certaine manière de rédemption, de pardon, d'héritage historique voire de sacrifice.
Dans la même veine donc
d'Un pied au paradis, mais tout à la fois différent dans la forme, Ron Rash est vraiment une révélation !
Ron Rash Le monde à l'endroit (The
world made straight) (Seuil)
Mots-clés : destin, éducation,
guerre de Sécession, nature, pêche, poids du passé, relation père-fils, roman social, ruralité, trafics