Quatrième de couverture : Le Tennessee
des années 40 est une terre rurale pauvre et reculée, où les clameurs du monde n'ont d'autre écho que les témoignages de soldats revenus de la guerre en Europe. À Mormon Springs, Dallas Hardin,
le Mal incarné, accumule les atrocités en toute impunité, ayant depuis belle lurette mis la Justice dans sa poche. La vie humaine n'a aucune valeur à ses yeux. Dix ans plus tôt, un cultivateur
voisin, Winer, a refusé de laisser Hardin dissimuler dans son champ un alambic clandestin. Il l'a payé cash. Depuis, sa femme et son fils ignorent ce qu'il est devenu. C'est cet adversaire que
Nathan, 17 ans, provoque aujourd'hui en toute candeur pour les beaux yeux de la belle Amber. Hardin a-t-il enfin trouvé son maître ?
Coup de Coeur ! Le décor de ce roman est planté dès les premières pages.
C’est le sud des Etats-Unis dans toute sa rudesse. La loi du far-west n’est pas loin d’être encore en vigueur. Les gens, entre pauvreté et traumatismes de la guerre en Europe s’en sortent à coup
de « débrouille », arrachant à la terre ce qu’ils peuvent pour survivre, ou à coup de petits trafics. On parle peu, mais on s’observe. C’est souvent la loi du plus fort qui s’applique. C’est dans
ce contexte que Dallas Hardin, un sale type intégral, comme un parasite, s’est imposé dans une famille, reléguant le mari atteint d’une maladie incurable dans sa chambre, et occupant le lit
conjugal avec l’épouse. Il a construit sa fortune sur la violence, les menaces, le trafic d’alcool, la corruption, le clientélisme, et personne ne lui résiste, pas même la police, corrompue avec
lui. La demeure éternelle est un vrai magnifique roman noir. Loin de tomber dans le piège de la lutte manichéenne entre le bien et le mal, William Gay a su parfaitement donner la
subtilité qu’il convenait à son intrigue, et peindre ses personnages avec une précision diabolique. On retrouve dans cette fresque tout ce qui compose la société de l’époque. Des personnages
désespérés, broyés par le système (déjà), et d’autres qui ont su profiter à fonds de la situation sans états d’âme. Ce sud en état de décomposition rappelle l’atmosphère aride des premières pages
des raisins de la colère. C’est magnifiquement écrit, parfaitement ficelé, et on se prend à espérer une adaptation au cinéma. William Gay a réussi d’emblée son entrée dans la
littérature noire avec ce premier roman. Le drame est que cet auteur est décédé récemment, ne laissant que trois ouvrages aux amateurs de notre genre préféré …
William Gay : La demeure éternelle (The
long home) (Seuil Policiers)
Mots-clés : meurtre, prostitution, Sud des Etats-Unis, trafic, vengeance