Quatrième de couverture
En cette nuit du 23 août 1829, sur la côte déchiquetée des Cornouailles, la résidence d'été des Treverton n'est plus que silence
et ténèbres.
Le manoir tout entier est suspendu aux battements du cœur de la maîtresse de maison qui rend bientôt son souffle, laissant
derrière elle un époux accablé, une fillette en pleurs et beaucoup de questions sans réponses. Que contient, par exemple, cette mystérieuse lettre confiée par Mrs Treverton à sa femme de
chambre avant de mourir ? Et quel terrible secret Sarah Leeson préfère-t-elle dissimuler dons la demeure familiale avant de disparaître, s'opposant ainsi aux dernières volontés de la défunte ?
Un secret suffisamment effroyable pour que, des années plus tard, la domestique sorte de son silence afin d'empêcher Rosomund Treverton de retourner sur les lieux de son enfance, au risque d'y
perdre son âme...
La parole aux lecteurs : chronique de Benjamin
Il y a
quelques mois de cela, tandis que je parcourais la préface des "Chroniques de Mudfog" pompeusement rédigé par Pierre Gripari pour les très agréables éditions du Rocher,
j'apprenais que "les gens qui n'aiment pas Dickens sont des gens qui ont une faille, une fêlure... il leur manque un petit quelque chose".
Sur le coup, j'avoue m'être senti un peu honteux, moi qui ai eu tellement de mal à venir à bout de David Cooperfield et
qui n'ai réellement jamais su apprécier l'auteur à sa juste valeur.
J'aimais pourtant les ambiances et les mises en scènes de Dickens, le simple et chaleureux confort, les tapis épais et les lumières tamisée.
J'aimais aussi ses personnages haut en couleur, les situations dramatiques auxquelles il donnait vie et j’affectionnai par dessus tout la qualité de sa prose, prudente, flegmatique, respectueuse
dans sa façon si particulière de dépeindre l'Angleterre du XIXème et sa vision picaresque du roman populaire.
Paradoxalement, ses histoires avait une fâcheuse tendance à me lasser.
Plus d'une fois me dis-je que j'eusse aimé trouver un auteur capable de générer avec sa plume une atmosphère "à la Dickens" sans pour autant tomber dans l'arythmie récurrente, les longueurs
infinies et les lenteurs gériatriques du père d'Oliver Twist.
Wilkie Collins dites vous ?
Et vous avez absolument raison.
Contemporain et ami du maître Dickens, ce personnage hors du commun, londonien né en 1824, dépendant à l'opium et (paradoxalement) écrivain prolifique, il laissera derrière lui à
sa mort en 1889 pas moins de 27 romans, quelques 50 nouvelles, plus de 15 pièces pour le théâtre et une bonne centaine d'essais ; en somme, largement de quoi faire tomber Stephen
King de sa chaise.
Le secret - puisque c'est le titre de l'œuvre dont nous parlons - est un roman superbe se déroulant principalement dans les Cornouailles, terres hostiles et brumeuses où le vent glacé
souffle fréquemment sur les landes rases.
C'est en bord de mer que se déroule l'intrigue, dans ce manoir guetté par la ruine et surplombant les rochers noirs aux pieds des falaises qui déchirent les vagues venue ici mourir.
Des phrases belles et aussi imagées que des peintures, des tournures poétiques sans êtres ronflantes - même si parfois la sensiblerie imposée à cette époque et à ce type de littérature peut
prêter à sourire gentiment - c'est ce que nous offre Wilkie Collins qui manie les mots avec la précision du scalpel et joue avec nos émotions en alternant le rire et le chagrin,
l'injustice, la cruauté du sort ou bien simplement la joie dans son état le plus brut.
Point de mièvrerie - ou bien alors très peu - que l'on oubliera vite tant l'ensemble des personnages ainsi que les liens connus et secrets qui les unissent donnent au récit un rythme
formidablement soutenu. Une franche part d'humour en les personnes de l'oncle Treverton et son valet Schrowl : deux magnifiques phénomènes de misanthropie qui ont dans cet ouvrage la même place que Bouvard et Pécuchet dans l'œuvre de
Flaubert - une touche de Scroodge en plus !
Rajoutez une franche part de suspens, une manière hitchcockienne avant l'heure dans le déroulement, la vitesse d'enchainement des actions et des révélations, vous obtiendrez alors un peu plus de
500 pages qui se lieront comme 100 tant on ne peut lorsque on l'a commencé reposer ce livre une fois qu'il est ouvert !
C'est sur ce pléonasme magnifique que je vous souhaite une bonne lecture en vous recommandant toutefois de bien choisir votre traduction, celle d'Archipoche ne m'ayant pas convaincu. (Ça tombe bien, nous l'avons en Labyrinthe, note de Soleil vert)
Wilkie Collins Le secret (The dead secret) (Le Masque/Labyrinthe)
Mots-clés : Cornouille, manoir, mystère, secrets de famille, suspense