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Craig Johnson - Dark Horse (2009)

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darkhorse.jpgQuatrième de couverture
L'affaire paraissait pourtant simple. Wade Barsad, un homme au passé trouble, a enfermé les chevaux de sa femme Mary dans une grange avant d'y mettre le feu. En retour, celle-ci lui a tiré six balles dans la tête durant son sommeil. Telle est du moins la version officielle. Mais le shérif Walt Longmire ne croit pas à la confession de Mary. Persuadé de son innocence, Walt décide de se rendre sur les lieux du crime. Il débarque incognito à Absalom, la petite ville du comté voisin – où il n'a pas juridiction– et se heurte très vite à l'hostilité de la plupart des habitants. Mais Walt n'est pas là pour se faire des amis, et il ne tardera pas à découvrir qu'une grande partie de la population avait de bonnes raisons de vouloir la mort de Wade.

Gifsv25.gifCinq ans déjà que le premier Craig Johnson, Little Bird est sorti en France. Autant d'années que la librairie existe. C'est donc parce qu'on se côtoie dès le début que cet auteur tient une place tellement importante chez nous. Toutefois cela ne nous rend pas moins objectifs et s'il devait arrivé que Craig nous déçoive, nous n'hésiterions pas à le dire. Le problème c'est que ce n'est toujours pas le cas. Pourtant une bonne moitié du roman est relativement lente et calme. Rien ne se déclenche vraiment. Walt Longmire est "sous couverture" et donc il faut y aller mollo avec les locaux. Des flashbacks à quelques jours d'intervalle nous permettent de comprendre ce qui l'a amené à quitter un temps sa ville de Durant (alias Buffalo) pour s'installer à Absalom, bled de trois rues perdu dans les Grandes Plaines.

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Et pour une fois, la plupart de ces acolytes feront profil bas au profit du "chien", dernier compagnon à être entré dans la vie du shérif.
Dans cet opus, la vie même de Walt est devenue un simple filigrane pour mieux mettre en avant la nature, les paysages. Les Grandes Plaines, Craig Johnson, nous les décrivait déjà dans les romans précédents mais par une magie que lui seul maîtrise, il trouve encore un moyen nouveau pour continuer à nous émerger dans son Wyoming sans que cela ne nous paraisse ni redondant, ni lassant. Les mesas, la disparition des ponts en treillis Pratt, l'invasion des sociétés d'exploitation du gaz, autant de détails (justes des évocations) qui nous en apprennent encore sur son pays.

Arvada_Bridge.jpg
cow-boy.jpgJamais un de ses romans n'aura autant exhalé le doux parfum des westerns à qui il rend un hommage évident. Les chevaux, la poussière, la neige,
le cow-boy solitaire, les grandes chevauchées au travers des décors de cinéma, d'un coup tout s'emballe. Les clins d'oeil au genre sont nombreux soit dans les descriptions, soit dans les répliques. D'ailleurs, la deuxième moitié du roman bascule soudainement dans l'action et notre shérif reprend son costume de héros, luttant pour lui-même et la justice, nous entraînant sur ses talons dans un final grandiose qui, là aussi, innove puisque jamais non plus la place de l'animal n'aura été aussi importante dans son oeuvre. La nature, elle, reste une grande constante.
Bien que très souvent dans les romans de Craig Johnson, l'intrigue se résout presque par hasard ou indépendamment de la volonté du héros, les "méchants" se trahissant le plus souvent par leurs actes, ou grâce à quelques bons "vieux trucs indiens", le travail d'investigation n'en n'est pas moins intéressant. Et ici par cette situation d'immersion qui oblige Walt à se confronter à des personnages pittoresques, le lecteur, encore, se retrouve happé par l'histoire, son atmosphère, sa tension, pour aller jusqu'au bout, jusqu'à l'envolée finale.
Dernière chose à noter, les aventures de Longmire se succèdent de manière très rapprochées dans le temps. Ainsi, même en écrivant un roman par an, Craig Johnson dresse le portrait d'un personnage quasi intemporel puisque à la dimension du récit, depuis Little Bird, à peine un an s'est écoulé. On pourrait les relire d'une traite sans jamais s'ennuyer car tout en se succédant, ils sont, par leurs rythmes ou leurs constitutions narratives, en perpétuel mouvement, en incontournables rebondissements.
Pour la petite histoire, Absalom est le pseudo de la ville d'Arvada, une bourgade d'une quarantaine de personnes qui possède néanmoins une école de cow-boys (The Cow-boy School).
Dans le roman sont évoqués les Buffalo soldiers, un régiment afro-américain (également surnommée la cavalerie nègre - The Negro Cavalry)  qui opérèrent durant la guerre de Sécession et dont une bataille (Battle of Suggs) se déroula non loin d'Arvada qui ne fut construite que plus tard avec l'arrivée du chemin de fer. Après ça Suggs fut abandonnée.

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Quant au titre, Dark Horse, Sophie Aslanides, la traductrice, en explique clairement les doubles sens en début d'ouvrage. Toutefois, comme on sait maintenant la subtilité des choix de l'auteur quant aux noms propres, il n'est pas impossible qu'il soit aussi en relation avec le choix de la ville d'Arvada qui possède (malgré sa petitesse) un boulevard : le Wild Horse Boulevard. Sacré Craig !



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