Quatrième de couverture
Voici le roman le plus célèbre et le plus émouvant de Marlen Haushofer, journal de bord d’une femme ordinaire, confrontée à une expérience-limite. Après une catastrophe
planétaire, l’héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la
nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la
maladie. Et ce qui aurait pu être un simple exercice de style sur un thème à la mode prend dès lors la dimension d’une aventure bouleversante où le labeur, la solitude et la peur constituent les
conditions de l’expérience humaine.
Quelques fois c'est vous, lecteurs, qui nous conseillez des livres. Et nous
remercions celui, il se reconnaîtra, qui nous a mis ce roman dans les mains. Ouvrage grandement littéraire mais dont le point de départ réside en un fait récurrent du genre SF, à savoir un
cataclysme sans-doute nucléaire (ou assimilé), Le mur invisible, à l'instar de La route de McCarthy, est totalement inattendu tant dans sa forme que dans son
sujet.
Écrit en 1963, en pleine Guerre Froide, il met en scène une femme, seule survivante dans une vallée autrichienne, protégée du désastre par un mystérieux mur qui l'a préservée des dégâts.
De l'autre côté du mur, tout semble figé : les hommes, les animaux, les insectes, les oiseaux ; plus rien ne bouge, plus rien ne
vit, un monde pétrifié.
Deux ans après les faits, elle décide d'écrire son histoire en se basant sur des calendriers annotés, des notes éparses ou ses simples souvenirs. Le texte est écrit d'une traite sans aucun chapitre. Absence de dialogues évidemment dans ce parfait monologue puisque ses seuls compagnons
vivants sont les animaux du chalet où elle se trouvait lors de la catastrophe.
La littérature ne manque pas de portraits féminins forts mais ici la femme se retrouve seule en prise avec une nature hostile qui l'oblige à organiser sa survie tel un Robinson mais sans son
Vendredi. A la place, Lynx, le chien, Bella, la vache et la vieille chatte et son petit Tigre, puis Taureau la descendance de Bella.
Ce texte fort dont la redondance des situations est inévitable mais habilement menée pour éviter toute lassitude touche le lecteur au plus profond de lui-même. Les relations que cette femme va
entretenir avec la terre, avec la nature et les animaux, devenus ses seuls compagnons de route, ne cesse de nous bouleverser. Cette femme ordinaire mais plutôt urbaine, va devoir apprivoiser son
environnement. D'abord à l'aide d'almanachs trouvés dans la bibliothèque du chalet, ensuite par instinct. Elle se laissera d'ailleurs aller à quelques réflexions intéressantes, tant au niveau de
ses semblables que des hommes en particulier.
Un roman dur, contemplatif, touchant, magnifique !
Une post-face très intéressante de Patrick Charbonneau permettra également de mieux découvrir
l'oeuvre de la romancière autrichienne et d'avoir aussi quelques clés pour encore mieux apprécier ou décoder Le mur invisible.
Enfin, une adaptation cinématographique a été réalisée en 2012 par Julian Roman Pösler. Je n'ai pas encore
vu le film (sorti en mars 2013) mais la bande-annonce retranscrit parfaitement l'ambiance du roman.
Mots-clés : Autriche, animaux, destin de femme, nature, post-apocalyptique, robinsonnade, seul au monde, survie
Marlen Haushofer Le mur invisible (Die Wand) (Babel)
Bonus : la bande-annonce du film