Quatrième de couverture
Des années plus tôt, un accident l'a défiguré. Depuis, il vit reclus dans sa grande maison. Jusqu'au jour où surgit Camille...
Malo a un mauvais pressentiment. Depuis leur arrivée au domaine de Vaux pour faire les vendanges, Octave, le maître des lieux, regarde sa sœur Camille d'un œil insistant. Le jeune homme voudrait quitter l'endroit au plus vite, partir loin de cette angoisse qui ne le lâche plus.
Camille trouve ses inquiétudes ridicules, mais Malo n'en démord pas. L'étrange fascination d'Octave pour Camille, pour ses cheveux d'un blond presque blanc, le met mal à l'aise. Camille, elle, oscille entre attirance et répulsion envers cet homme autrefois séduisant, au visage lacéré par une vieille blessure.
Ils se disputent et, le troisième jour, Malo n'est plus là. Personne ne semble s'en soucier, hormis Camille qui veut retrouver son frère à tout prix.
Mais leur reste-t-il une chance de sortir vivants de ce domaine, ou le piège est-il déjà refermé ?
Et oui !
Il est là ! Non pas sur nos étagères, mais dans nos mains, en avant première, car il ne paraît que début Février. Souvenez-vous : Des noeuds d'acier. Roman ô combien surprenant que nous avions encensé l'année
dernière et qui s'est gratifié en fin d'année du Grand Prix de Littérature Policière.
Et bien Sandrine Collette revient en 2014 avec son second roman tant attendu ! C'est à nouveau une histoire
sombre mais qui heureusement est bien différente de la première tout en l'ancrant avec certitude maintenant parmi les plus grandes découvertes du polar français.
Un vent de cendre, c'est l'histoire d'un accident. Un accident si terrible que même lorsqu'on y survit, on y laisse de sa
raison. Et Octave avec son visage barré du front à la mâchoire le sait bien. C'est l'histoire d'Octave, dix ans plus tard, à la tête d'un petit domaine viticole. C'est l'histoire de Camille,
venue passer une semaine pour les vendanges.
Encore une fois, Sandrine Collette évoque des personnages torturés, en perdition. Mais la forme, les décors, les
thèmes sont complètement inversés. Ce nouveau roman pourrait presque être l'antithèse des Noeuds d'acier. Où il y avait une maison, un huis-clos et pas plus de cinq personnages, on a ici
un domaine où l'on entre, d'où l'on sort, plusieurs bâtiments, plusieurs protagonistes, des vignes, de l'espace. La nature antérieument plus hostile est ici nourrissière, salvatrice. Là où l'on
ne riait quasiment pas, où les moments de joie se changeaient en torture, ici, on s'amuse, on blague, on boit, on échange des regards, on fait l'amour. Et Camille est le pendant féminin de Théo.
Lui enfermé dans une maison, elle prisonnière à ciel ouvert. Enfin, alors que des Noeuds d'acier pouvait se passer n'importe où en France, Un vent de cendre se situe dans
le Morvan, la terre de Sandrine Collette.
Le roman n'en ai pas moins étouffant. Le processus s'amorce par la rencontre entre Camille et Octave. Une relation étrange,
frustrée, faite de non-dits, de mystères, de doutes et d'incertitudes. Un rapport de force magnifiquement disséqué par l'auteur qui démontre encore sa capacité à décrire la psychologie humaine.
Mais elle y ajoute un ingrédient qui manquait dans son premier roman : une disparition. Fil conducteur de l'histoire, elle fait basculer le récit vers le thriller et ce de manière crescendo
jusqu'au bout du bout et amène le lecteur à tenter lui aussi d'en percer l'énigme. Il n'y a pas dans le récit une volonté absolue de créer des fausses pistes. Et peut-être ai-je été un peu déçue
au début par l'évidence des faits. Je m'étais surprise à tenter de percer à jours des personnages qui finalement n'avaient rien à se reprocher. Mais en refermant le roman, j'ai finalement
consenti au fait que rien ne pouvait se passer autrement. Il y a une logique imparable à cette sordide romance où innocence et folie s'entrechoquent.
Encore une fois, on ferme le roman un peu chamboulé mais avec le plaisir d'avoir lu un grand livre. Certes sombre, dur, troublant,
mais franchement bon. Encore.
Sandrine Collette Un vent de cendres
(Denoël) A paraître en Février 2014
Mots-clés : art, accident, disparition, folie, psychologie, Morvan, schizophrénie, vignes