Quatrième de couverture
2015 : la mission habitée qui partait pour Mars est un échec tragique : la fusée explose en vol. Le gouvernement abandonne
aussitôt le projet. Axelrod, un milliardaire, décide alors de créer un consortium, soutenu par les principales multinationales. Enjeu : gagner la prime de trente milliards de dollars offerte pour
atteindre Mars. Méthode ? Prendre tous les risques. Matériau : quatre astronautes, décidés à risquer leur vie pour décrocher le jackpot !
Depuis les
années 70/80 et en raison des avancées des connaissances de la planète Mars, l'imaginaire martien en a pris un coup. Loin de l'imaginaire débridé des années 50, les auteurs sont de plus en plus
tenus par une obligation à la fois de réalisme et de véracité scientifique. Et si l'on s'en tient aux romans de années 90 et suivantes, on regrettera aisément, des récits souvent similaires, sans
grande originalité privilégiant l'aventure et la technologie. Hormis évidemment la trilogie martienne de Stanley K. Robinson qui touche à tous les domaines indispensables à la
reconstruction d'une civilisation (science, sociologie, économie, politique, religion etc...). Jusque dans l'évocation d'une vie martienne, désormais obligatoirement bactérienne. Fini les petits
bonshommes verts, les martiens en sucre, les villes martiennes souterraines, les canaux parcourus de barques... Ce temps est révolu.
Le roman de Gregory Benford, ne fait pas défaut à ces exigences. Toutefois on peut lui reconnaître quelques idées
qui rendent son récit très palpitant.
Tout d'abord, il met en scène un Consortium de sociétés privées, qui pour palier les désagréments de la NASA et son manque de
moyens prend en charge la prochaine mission habitée ainsi un milliardaire s'appuie sur tous les supports médiatiques possibles notamment la télé-réalité. A l'heure où j'écris cet article, 15 ans
après le roman de Benford, un projet fou monté par un hollandais, le projet Mars One, est mis sur pied. Il prévoit d'envoyer sur Mars en 2025 les premiers humains pour
un voyage sans retour. Et tout ça financé par des sponsors et des moyens similaires.
La réalité a rattrapé la fiction. Et Benford va assez loin dans l'absurdité capitaliste et médiatique : il
imagine une carte de Mars dont tous les sites sont rebaptisés à sa convenance et une compétition avec une autre mission qui met à mal l'éthique même de la recherche scientifique.
Le deuxième point est la découverte de vie sur Mars. Certes l'auteur tombe sous le joug des mêmes obligations citées plus haut. On
n'échappe donc pas à quelques diatribes sur l'ADN, l'évolution, et les descriptions microbiennes possibles (sommes toutes très accessibles). Mais malgré tout dans les 100 dernières pages, cette
vie découverte offre des capacités et des manifestions très originales qui tiennent le lecteur en haleine et sans pour autant tomber dans le farfelu et l'impossible. Disons que
Benford a su garder une part d'imaginaire tout en respectant les codes de la crédibilité scientifique.
Indépendamment de tout ça, le roman est très agréable.
Sélection dans le cadre de notre table
ronde du 12 avril 2014 - En savoir
plus
Gregory Benford Les enfants de Mars (The martian race) (Pocket)
Mots-clés : exploration spatiale, Mars, première mission, télé-réalité