Je suis une légende, célèbre roman de
Richard Matheson (et que je m'étonne de ne pas avoir chroniqué ici - il faudra y remédier) a été plusieurs fois adapté au cinéma. En partant, du film le plus récent de
Francis Lawrence, voici quelques pistes pour vous faire (re)découvrir 3 films et un livre !
Synopsis
Robert Neville était un savant de haut niveau et de réputation mondiale, mais il en aurait fallu plus pour stopper les ravages de cet incurable et terrifiant virus d'origine humaine.
Mystérieusement immunisé contre le mal, Neville est aujourd'hui le dernier homme à hanter les ruines de New York. Peut-être le dernier homme sur Terre... Depuis trois ans, il diffuse chaque jour
des messages radio dans le fol espoir de trouver d'autres survivants. Nul n'a encore répondu.
Mais Neville n'est pas seul. Des mutants, victimes de cette peste moderne - on les appelle les "Infectés" - rôdent dans les
ténèbres... observent ses moindres gestes, guettent sa première erreur. Devenu l'ultime espoir de l'humanité, Neville se consacre tout entier à sa mission : venir à bout du virus, en annuler les
terribles effets en se servant de son propre sang. Ses innombrables ennemis lui en laisseront-ils le temps ? Le compte à rebours touche à sa fin...
Will Smith est extraordinaire, les décors de New York à l'abandon, angoissants au possible. S'il y a quelques
imperfections qui m'ont dérangées, elles ne viennent pas contrecarrer la force énorme qu"il y a dans ce film.
Evidemment si vous avez lu le livre de Richard Matheson ou vu les autres adaptations, vous ne vous retrouverez
pas partout mais est-ce bien grave ? Matheson a créé une histoire fabuleuse qui au gré des nouvelles versions, s'enrichit, se développe. Francis Lawrence ajoute
sa touche à cet univers de fin de l'humanité.
Mais si l'on re-regarde la version de Sidney Salkcow & Ubaldo Ragona avec Vincent Price (1964) ou celle encore de Boris
Sagal avec Charlton Heston (1970), on s'aperçoit que Lawrence a réemployé pas mal de scènes, les réaménageant à l'identique ou les réutilisant à sa manière dans
d'autres contextes. Si The last man on Earth (1964) était la version la plus fidèle au roman, Je suis une légende est un parfait mixte du livre et des deux autres versions,
Le survivant / The Omega man (1970) commençant à s'éloigner du thème même du vampire pour s'attacher plus à la virologie même, quelles qu'en soient ses manifestations du moment qu'elle
amène au même résultat : l'extinction de la race humaine telle que nous la connaissons.
On reprochera justement à Francis Lawrence d'avoir utilisé l'image de synthèse pour créer sa nouvelle espèce.
Parfaite dans un jeu vidéo, ici elle ne s'intègre pas parfaitement, je trouve, car elle ôte justement ce qui reste de l'humain, alors qu'il faut voir dans le virus, une transformation, une
évolution vers une forme nouvelle et non vers une pseudo décadence physique et morale. Néanmoins, quelques traits d'intelligence transparaissent qd même lorsque les créatures reproduisent la
tactiques de Neville pour le capturer.
Les scènes communes à celle de la version de 1964 sont assez intéressantes : Les stocks de batteries et de bidons d'essence, la
musique sur un vieux vinyle ou une platine CD, les vidéos d'un cirque ou celle de Schrek (à noter que dans les deux cas on trouve un âne), le chien qui est malheureusement euthanasié, les
flashbacks ( même si le contenu diffère)... Mais on occulte complètement l'ail, les miroirs et autres pieux présents dans cette version ainsi que dans le livre. On s'oriente donc plus vers le
film avec Charlton Heston dans lequel une guerre sino-russe provoque une épidémie qui décime la population mondiale et laisse les survivants mourir à petit feu et atteints d'une
photophobie et dégénérescence des tissus. Le colonel Robert Neville, biologiste de l'armée des Etats-Unis, a été épargné grâce au vaccin expérimental qu'il s'est inoculé. Pendant deux ans, il
arpente les rues de Los Angeles, vivant le jour en pillant les magasins abandonnés et se barricadant la nuit dans sa maison transformée en forteresse où de puissants projecteurs tiennent éloignés
les malades noctambules. Et c'est ici que le film de Francis Lawrence rejoint Boris Sagal. Adaptation que Matheson n'a jamais vraiment reconnue
tant elle commence inexorablement à s'éloigner de son idée de départ mais il est intéressant de s'y arrêter car le final de Je suis une légende reprend complètement l'orientation de
1970, discutable certes mais incontournable.
En effet, Le survivant cultive l'idée selon laquelle le sang de Neville puisse être salvateur jusqu'à assimiler
Charlton Heston à un sauveur christique qui donne son sang pour sauver le monde. En ce qu'il est porteur d'espoir. Si le personnage de Will Smith contourne le
problème en tentant de trouver l'antidote au travers des cobayes qu'il capture, on retrouve néanmoins la scène sacrificielle qui en fait des héros martyrs pour la sauvegarde de l'humanité.
D'ailleurs, si le Neville du début du film est très croyant, il perd peu à peu sa foi après la mort de son chien mais la retrouve au travers de la femme qui lui annonce qu'un groupe de survivant
existe et qu'ils peuvent les rejoindre.
Ce que l'on perd quasi-totalement dans ce nouveau film c'est l'aspect social de cette nouvelle espèce. Dans le livre comme dans le
premier film, cette société s'organise, se militarise pour vaincre le dernier homme. En 1970 elle s'est regroupée en une Famille sous l'égide de Matthias, ancien présentateur télévisé, reconverti
en gourou d'une secte qui entend purifier le monde de la technologie, cause du mal.
De même, le personnage du voisin et collègue de Neville (le nom du personnage m'échappe) disparaît totalement dans les deux dernières versions. Pourtant on se souvient de l'interpellation de ce
dernier dans le livre : "Viens Neville, viens..."
Voilà pour les comparaisons, ils y en a pleins d'autres mais, c'est l'essentiel que j'en ressors.
Je suis une légende s'appuie aussi sur les ressorts psychologiques de la solitude et de l'abandon. L'attachement de
Neville à son chien Sam, nous laisse déjà penser que le chien mourra. Mais comme l'animal apparaît dès le départ comme un personnage à part entière, il est vrai que la tension naît beaucoup de ce
couple car c'est cette union qui maintient Neville hors d'une folie probable. La perte de l'animal est dans le film un moment crucial car à partir de là la psychologie de Neville est fortement
bousculée. Personnellement, à partir de cet instant, je n'ai pu refouler mes larmes et elles n'ont cessé de me titiller jusqu'à la fin.
1954 Richard Matheson Je suis une légende (I am legend) (Folio)
1964 Ubaldo Ragona & Sidney Salkow Je suis une legende (The last man on Earth)
1970 Boris Sagal Le survivant (Omega man)
2007 Francis Lawrence Je suis une légende (I am legend)