Quatrième de couverture
La visite de l'accélérateur de particules atomiques aurait pu se terminer beaucoup plus mal pour ceux qui s'y trouvaient
lorsqu'est survenu l'accident. Jake, Marsha et les six autres victimes semblent s'en être tirés avec seulement quelques contusions. Pourtant, après cela, les choses ne sont plus tout à fait les
mêmes. La réalité se détraque imperceptiblement, au point de se plier aux terreurs et aux fantasmes les plus secrets des huit protagonistes.
Parviendront-ils à sortir de ce labyrinthe de cauchemars inconscients ?
L'oeil dans le ciel, également traduit Les mondes
divergents (le titre initial de ce récit était L'esprit ouvert/With Opened Mind), est le premier grand roman SF de P.K. Dick. Il y développe un
de ses thèmes fondamentaux : la perception de la réalité. Autrement dit qu'est-ce qui est réel et qui ne l'est pas. Comment savoir si l'on rêve ou non ? Ce qui nous paraît comme un vrai décor
l'est-il vraiment et qu'en seraient alors les limites ?
A lire L'Oeil dans le ciel aujourd'hui, on ne peut pas ne pas penser à la série TV Sliders
: Les mondes parallèles. Dans Sliders, les mondes sont autant de possibles et de points de divergences à notre Histoire et à celle des personnages. Dans le roman de
Dick, il s'agit de protagonistes ayant subit un traumatisme et qui en revenant à la conscience élaborent le monde idéal à leur yeux entraînant avec eux les autres personnages
toujours inconscients (dans la réalité). Ce sont donc des mondes rêvés, fantasmés et révélateurs des personnalités de chacun. Mais ce qui est intéressant dans la comparaison avec la série c'est
qu'il y a des récurrences communes. Par exemple, les mondes imaginés sont toujours connectés à la réalité par des lieux ou des personnages et il n'est pas toujours évident pour le héros, Jack
Hamilton, de savoir si oui ou non il est dans la réalité ou celles imaginées par les autres. Il faut attendre quelques interactions pour comprendre qu'il s'est retrouvé dans l'univers religieux
de Silvester, dans le monde prude de Mrs Pritchett ou celui paranoïaque de Joan Reiss. Autre point commun, l'enchaînement des mondes pourraient être indéfinis. Les "sauts" dans la série sont
motivés par la recherche du monde originel, d'où sont partis les protagonistes, autant trouver une aiguille dans une botte de foin. Le roman, lui, limite cette succession par le simple nombre de
personnages inconscients. Or on voit bien qu'ils reviennent chacun à leur tour à eux créant ainsi un monde alternatif. Transposé dans un contexte cataclysmique, on peut aisément imaginer le
nombre de mondes possibles rêvés par toute l'humanité. Ainsi L'oeil dans le ciel pourrait se poser aujourd'hui comme le "pilote" d'une longue série à venir. Bien
évidemment, le roman a une fin.
Une fin voltairienne car le récit a
aussi tout des aventures rocambolesques du Candide de Voltaire et la dernière phrase "Mettons-nous au travail" n'est pas sans rappeler sa célèbre
conclusion "Il faut
cultiver notre jardin". Dick y voit une façon de reconstruire un monde avec le meilleur de celui-ci et surtout de dénoncer les deux fléaux que sont pour
lui le totalitarisme communiste et le
maccarthysme.
Le roman ne manquant jamais d'imagination et même d'humour et ce, malgré un fond politique et philosophique indéniable, il ne déroute jamais son lectorat qui suit avec intérêt chacun des mondes.
Et celui de Mrs Pritchett, absurde, drôle, poussé à l'extrême dans sa logique est sans aucun doute mon préféré.
A noter que si l'on considère un autre roman de Philip K. Dick, Les pantins cosmiques, comme étant son unique roman fantastique, on trouve dans L'oeil dans le
ciel un passage absolument délectable d'horreur (dans le monde paranoïaque de Joan), décrivant une maison animée prête à avaler et digérer ses occupants. Ajoutons enfin que comme beaucoup de
romans issus de nouvelles "étirées", L'oeil dans le ciel est un montage de nouvelles liées entre elles pour constituer une histoire somme toute
homogène.
Philip K. Dick L'oeil dans le ciel (Eye in
the Sky) (J'ai lu)
Mots-clés : communisme, maccarthysme, maisons hantées/animées, mondes divergents/parallèles, perception de la réalité, religion