Quatrième de couverture
Child Kachoudas s'ennuie. Son oncle lui confie une mission : visionner les archives de l'enterrement d’Édouard VII en 1910, observer la foule endeuillée et le contacter ensuite. Les images en
noir et blanc défilent sous ses yeux quand un homme lance à la caméra un coup d’œil entendu. Cet homme est son oncle, José-Luis de Almédia ! Né bien après 1910.
Le vieux savant misanthrope a transformé un sous-marin nucléaire soviétique, le Vertov, en machine à voyager dans le temps.
Embarquement immédiat pour Sélinonte en 117 après J.-C. Mais la balade temporelle tourne au fiasco : en grippant l'Histoire, n'ont-ils pas défait le monde ?
Voilà un moment que je n'avais pas lu de science-fiction. Et renouer par le
biais d'un thème récurrent mais néanmoins fascinant tel que le voyage dans le temps - et par extension le paradoxe temporel - a été un bien agréable plaisir. Certes il y a quelques petits
défauts, à mon goût, dans la forme, mais pas dans le fond.
Le roman démarre comme un roman populaire de l'ère des feuilletonistes. En 1910, deux journalistes d'investigation, l'un anglais et l'autre français, enquêtent sur une mort mystérieuse survenue à
Westminster. Cet épisode est le début d'une quête s'étalant sur une trentaine d'années rappelant l'histoire de la colonisation africaine, de la guerre des tranchées, de la crise de 29... Tout ça
rendant hommage aux Rouletabille de l'époque, aux détectives de l'étrange, aux romans d'aventure. Mon premier bémol naît de la frustration de voir disparaître ces deux personnages au bout d'un
tiers du livre.
Après cela, nous basculons dans notre époque pour aborder de front le sujet principal, avec en ouverture un chapitre, le seul qui soit ouvertement scientifique : un professeur ayant inventé une
machine à remonter le temps (en fait un sous-marin reconverti) entraîne son neveu Child dans les méandres du Passé. Même si on finit par s'attacher à eux, ils n'ont pas la profondeur des deux
premiers protagonistes qui ne seront réévoqués qu'en fin de roman. De plus, et c'est mon deuxième bémol, le texte s'alourdit en descriptions souvent redondantes et l'on peut dire sans jeu de mot
que l'auteur prend en peu trop son temps pour nous amener là où il veut. Malgré cela, le lecteur reste accroché à la trame qui le balade de 3000 av JC jusqu'au 18e. Il débarque à Sélinonte, puis
à Lugdunum (ancien nom de la ville de Lyon), traverse le Gévaudan, visite l'abbaye de Sénanque. Le déroulé des évènements me rappelle moins les "textes fondateurs" (La machine à remonter le temps de
Wells ou Le voyageur imprudent de Barjavel) que des séries télévisées telles Sliders ou Code Quantum. Ce qui m'a fait penser à cette
dernière, c'est le personnage holographique de Marlène Dietrich qui est une sorte de synthèse d'Al et de Ziggy au féminin qui aide le héros dans ses aventures.
Pour autant La parallèle Vertov n'est évidemment pas seulement un roman d'aventures historiques puisqu'il puise dans la science-fiction son sujet de fond réinventant les grandes
réflexions autour de la possibilité d'aller et venir dans le Passé comme dans le Futur. La préoccupation du paradoxe temporel est au premier plan du récit avec la peur constante d'interférer dans
les époques visitées et de changer le cours des événements. L'astuce sera d'imaginer la possibilité de continuums temps qui seraient autant de chemins parallèles (je ne parle pas d'univers
parallèles, même si finalement on s'en rapproche) qu'il y aurait d'interférences, considérant ainsi qu'il serait toujours possible de revenir dans le continuum originel pour "rectifier"
l'histoire. Pour autant chaque continuum aurait sa propre destinée, limitant ainsi les probabilités de paradoxe. (Enfin c'est ce que j'ai compris avec mon esprit non-scientifique). Le fait est
que ces réflexions qui jalonnent et soutiennent l'ensemble du roman sont compréhensibles, en tout cas pas inaccessibles. Que ce soit avec Le Voyageur Imprudent ou Terminator
(film mythique de James Cameron), le paradoxe temporel a toujours été pour moi un sujet très jouissif parce que sans fin. Frédéric Delmeulle n'aura pas d'autre
choix, lui non plus, que de boucler la boucle, mais le moyen d'y parvenir nous aura permis de nous ouvrir l'esprit à de
nouvelles portes de l'imaginaire.... et de vivre une aventure haletante.
Frédéric Delmeulle La parallèle Vertov (Livre
de poche SF)
Mots-clés : aventures, colonialisme, Histoire, paradoxe temporel, pouvoir, voyage dans le temps
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Frédéric Delmeulle - La parallèle Vertov (2007)
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