Quatrième de couverture
ulien, jeune Franco-Américain féru de littérature contemporaine, a perdu son père dans l'avion qui s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. La célèbre romancière Carolyn Gerritsen, qui
l'a pris en amitié, lui propose d'aller vivre un temps à Los Angeles chez son ex-mari, le producteur Larry Gordon. A Blue Jay Way, villa somptueuse qui domine la cité des anges, Julien est
confronté aux frasques du maître des lieux et à une jeunesse dorée hollywoodienne qui a fait de son désoeuvrement un art de vivre : un monde où tous les désirs sont assouvis, où l'alcool, les
drogues et les parties déjantées constituent de solides remparts contre l'ennui. Peu à peu, Julien se laisse séduire par ce mode de vie délétère et finit par nouer une relation amoureuse avec
Ashley, la jeune épouse de Larry. Lorsque celle-ci disparaît mystérieusement, il doit tout faire pour dissimuler leur liaison sous peine de devenir le principal suspect. Ce n'est que le début
d'un terrible cauchemar : très vite, les morts violentes se succèdent, mensonges, trahisons et manipulations deviennent monnaie courante et la paranoïa apparaît bientôt comme la plus sage des
solutions. Styliste hors pair, Fabrice Colin donne ici de nouveaux territoires au thriller et nous offre un roman profondément contemporain, qui dresse le portrait d'une époque où réalité et
fiction ont irrémédiablement partie liée, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Los Angeles, la ville où tout est filmé, et où pourtant tout est faux, est le cadre idéal de cette
palpitante descente aux enfers, doublée d'une intrigue machiavélique.
Blue
Jay Way, c’est l’histoire d’un itinéraire complexe et sinueux qui mène à une maison. Si comme c’est le cas la plupart du temps à Los Angeles le temps est brumeux, il est possible de se
perdre dans les dédales de la colline et de ne jamais parvenir à destination ! ça, c’est le thème de la chanson des Beatles (1967) écrite par George Harrison, alors qu’il attendait un journaliste un soir de brume dans une maison sur Blue Jay Way, rue introuvable
sur une colline d’Hollywood… Du coup, Blue Jay Way, la maison, existe bel et bien ! Voyez par vous-même ... Dans le cadre d’un projet de villa somptueuse et tout en démesure, elle a vu le jour en 2008, inspirant sans doute Fabrice
Colin ! Blue Jay Way, dans son roman, est le nom de la villa de rêve de Larry Gordon, riche
producteur, sur les hauteurs de Los Angeles … Si l’on ajoute à cette allusion le fait que la chanson de George Harrison fut écrite en pleine période « Lucy in the
sky with diamonds » des Beatles, on comprend que le clin d’œil de l’auteur est double, puisque la maison de Larry abrite toute une cohorte de jeunes désoeuvrés dont
fait partie son fils Ryan, et qui sont la plupart du temps sous l’effet de substances totalement prohibées.
La structure du roman, tout comme l’itinéraire de la chanson, nous amène de façon subtile et complexe au dénouement final. Le cheminement est tout à fait réjouissant. Fabrice
Colin nous décrit ses personnages et les situations à la perfection, dans une langue virevoltante et légère. On s’identifie très vite au héros de l’histoire, ce jeune Français traumatisé
par le 11 Septembre, et qui se retrouve un peu perdu au milieu de cette faune hollywoodienne. En parallèle de ce récit, deux autres histoires s’intercalent, et rejoindront l’histoire principale
au moment du dénouement. On y suit l’enfance puis l’adolescence de Jacob et de Scott, deux personnages dont on devine que la psychologie les mènera inexorablement au pire.
Fabrice Colin parvient à merveille à faire monter la tension au fil des chapitres et à décrire l’ambiance festive et décadente du « tout Hollywood ». Le rythme du
roman est très bien servi par l’écriture de l’auteur qui manie réellement la langue française avec talent. La superposition des histoires accroit le suspens car elle donne envie de tourner les
pages pour faire avancer l’intrigue principale. Au delà du dénouement, on voit bien le caractère superficiel de tout ce star system hollywoodien, dans lequel l’argent coule à flots, sans pour
autant mettre ces riches à l’abri de la bêtise, des mesquineries, du meurtre, ou du malheur … Comme disait Jules Renard : « si l’argent ne fait pas le bonheur,
rendez-le ! »
Fabrice Colin Blue Jay Way (Sonatine)
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Mots-clés : argent, drogue, Hollywood, perversité, serial-killer
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