Quatrième de couverture
Quelque part dans le Maine se trouve un endroit qui ne figure sur aucune carte. Pourtant, le champ d'Ackerman existe bel et bien. En son centre se trouve d'ailleurs un monument mégalithique qui
rassemble sept pierres dressées. Ou peut-être huit. Sept ? Huit ? Ça y est, le mal est fait, car quiconque arpente ce lieu perd inéluctablement la raison. D'abord une vague incertitude, puis de
sourdes angoisses, ensuite la panique et bientôt une indicible terreur...
Il y a peu, un photographe amateur, s'est rendu au champ d'Ackerman pour faire quelques clichés et, depuis, sa santé mentale vacille. Aujourd'hui, envahi de troubles obsessionnels compulsifs de
plus en plus handicapants, il décide d'aller consulter un psychiatre. La contamination peut commencer...
Je vais vous parler non pas d'un roman, mais d'une nouvelle de
Stephen King, publiée en 2008 dans le recueil Juste avant le crépuscule, de son adaptation la même année en série web (25 épisodes de 2 minutes) puis enfin et surtout en
2010 en bande-dessinée par Mark Guggenheim et Alex Maleev. S'il n'y avait pas eu ces derniers, et une remise en question de l'auteur lui-même qui participe au
scénario, cette chronique n'aurait pas eu sa place ici, du moins pour la simple nouvelle que je juge passable (reste les autres nouvelles du recueil que je n'ai pas lues et qui sont peut-être
très bien... allez savoir). Par contre son adaptation mérite un peu plus de considération.
J'ai donc d'abord lu la BD et ensuite la nouvelle (et en dernier par curiosité, la série web). Et la série et le comics relèvent clairement le niveau d'une nouvelle hyper creuse, redondante,
jouant sur la répétition des évènements sans jamais y donner fin et surtout sans jamais donner plus que ça d'explication. Ce qui finalement est logique : c'est un procédé ultra classique qui me
fait penser que Stephen King commence largement à faiblir. Les allusions à Lovecraft sont évidentes et je dirai que même jusque dans les faiblesses d'écriture de
ce dernier, le "maître de l'horreur" a su se fourvoyer. Il faut savoir que King se réclame plus d'Arthur Machen et de son Dieu Pan (1890), grand
classique de la littérature fantastique britannique, qui a sûrement aussi influencé par la suite Lovecraft.
Par conséquent, lire l'adaptation de N. en BD est presque un soulagement. Le style photographique n'est pas nouveau. En France Jean-Michel Ponzio (Dernier exil)
en a fait sa matière première et je ne déteste pas. Je trouve néanmoins quelques visages surchargés de traits gras les rendant souvent austères et plus vieux qu'ils ne le sont vraiment. Mais
certaines planches et leurs couleurs sont plutôt réussies. Le scénario gomme assez bien les descriptions longuettes et redondantes de la nouvelle et vous y plonge avec intérêt. Il y a aussi
quelques éléments nouveaux qui en disent un peu plus long que le texte original mais bien évidemment la fin, sur laquelle on reste, nous laisse avec cet arrière goût d'inachevé, l'éternel
recommencement mille fois exploité en fantastique.
La vraie originalité de cette histoire, c'est la mise en avant d'une manifestation psychologique rarement traitée : Les TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Le hasard m'a fait regarder quasi
en même temps (à quelques jours), un épisode de la deuxième saison de Haven (série TV inspirée du Colorado Kid du même Stephen King), dont l'intrigue tournait
aussi autour des TOC (et optionnellement aussi autour de l''éternel recommencement par le biais du style "un jour sans fin". Je ne souhaite pas que King ait des TOC, néanmoins,
il faut croire que ça le travaille. Au moins, c'est ce qui donne le peu d'intérêt que j'ai eu de lire sa nouvelle.
Enfin, dernier point qui puisse aussi relever N. c'est donc sa mise en image (avant même sa sortie en BD) sous forme de série web (on peut voir les épisodes sur ce site internet) qui donne là aussi une dimension nouvelle à ce texte. Finalement à partir de pas
grand chose, Marc Guggenheim (le scénariste) et Stephen King lui-même (qui a su identifier les faiblesses de son texte de base et l'a donc enrichi
intelligemment) ont réussi à donner de la matière à ce comics et Alex Maleev (le dessinateur) a fait un travail très acceptable.
Le mot de la fin sera celui-ci : je reste juste sidérée de lire en préface et postface que ces deux créateurs puissent dire qu' "ils n'avaient jamais lu une nouvelle aussi TERRIFIANTE !!!". Mon
dieu, Stephen King a écrit bien meilleur sans compter tout plein d'autres auteurs.... Vive le marketing ! ;-)
Mots- clés : entité, fantastique, psychologie, suicide, T.O.C., univers parallèles
Stephen King (sc), Mark Guggenheim (sc) & Alex
Maleev (d) N. (N.) (Glénat)
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Stephen King, Guggenheim & Maleev - N. (2008 & 2010)
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