Quatrième de couverture
Au grand dam de sa famille, lord Montbarry décide de rompre ses fiançailles avec une honorable jeune fille pour épouser la
sulfureuse comtesse Narona. Fuyant l'Angleterre victorienne du XIXe siècle, les jeunes époux partent s'installer dans les brumes d'un lugubre palais vénitien, où Montbarry décédera dans
d'étranges circonstances. Transformé en hôtel, le palais deviendra alors le théâtre d'autres phénomènes inexpliqués...
Ami et rival de Dickens, admiré par Borges et Hitchcock, W. Wilkie
Collins (1824-1889) est l'auteur des « classiques » Pierre de lune, La Dame en blanc, Le Secret, qui en ont fait le précurseur du thriller.
Lorsqu'on évoque les origines du thriller, on pense avant tout au
Scarabée de l'anglais Richard Marsh (1897). Mais il est vrai qu'en
lisant l'Hôtel Hanté, on peut déjà en voir les contours se dessiner. Un pied encore dans cet héritage gothique du roman noir britannique de la fin du 18e, quelques restes aussi du style
"roman à tiroirs" et une orientation déjà vers le roman à énigme cher aux auteurs de la fin 19e, font de l'Hôtel hanté une oeuvre à la croisée des genres, à la croisée des époques
littéraires.
Wilkie Collins installe dès le départ le mystère autour d'un personnage énigmatique la comtesse Narona. Cette dernière vient consulter un médecin en vue. Veuve, elle va se
remarier à un Lord qui était déjà engagé. Et elle est persuadée que la fiancée éconduite fera sa perte. Dès lors on suit aussi cette fameuse jeune femme, Agnès, et les personnages qui l'entourent
et qui auront un rôle important dans le déroulé de l'histoire se mettent en place. Au travers d'eux se profile fort agréablement la bourgeoisie de l'époque.
Durant la moitié du roman, il sera à peine question du fameux palais. Il faudra attendre que ce dernier soit racheté après la mort du Lord et transformé en hôtel, que les premiers clients s'y
installent, pour que la part du fantastique prenne le dessus mais aussi l'enquête autour de la mort de Montbarry et la mystérieuse disparition de son messager Ferraris. Et c'est évidemment sur
place, dans cette Venise ensorcelante que tout va se dévoiler.
Une Venise dans laquelle Wilkie Collins nous transporte par quelques coups de plume : la place Saint-Marc et ses
pigeons, les gondoliers, les lagunes, les canaux... Et bien sûr l'hôtel aux chambres somptueuses, accueillantes (enfin pas pour tout le monde), mais aussi ses caveaux et ses passages
secrets...
Il n'y a rien à redire de ce roman très bien écrit, passionnant, qui nous conforte dans notre goût prononcé pour la littérature du XIXe siècle. En fait c'est un régal, alors ne nous en privons
pas. Et si vous ne connaissiez pas encore William Wilkie Collins sachez que son roman La dame en blanc est tout aussi passionnant.
William Wilkie Collins L'hôtel hanté (The haunted hotel) (Espace nord)
Mots-clés : alchimie, complot, énigme, fantastique, maisons hantées, Venise, XIXe siècle