Quatrième de couverture
Michiru a perdu l’usage de la vue dans un accident et vit recluse dans une grande maison, comme dans un œuf de ténèbres. Un jour,
elle apprend qu’un meurtre vient d’être commis à la gare toute proche. Peu de temps après, la jeune fille sent une présence dans la maison et comprend qu’un intrus s’est introduit chez elle.
Progressivement, dans l’obscurité et le silence, se noue une étrange relation entre celui qui se cache et celle qui ne voit pas.
C’était comme si les ténèbres avaient soudainement pris forme et bougé. Il était là.
Un huis clos où le noir prend vie et brouille nos sens jusqu’au vertige, et un thriller psychologique sans effusion de sang ni
violence, fondé sur la découverte progressive de deux êtres coupés du monde et voués à la solitude.
A notre
sélection de polars japonais, rajoutons aujourd'hui une nouveauté qui paraît chez
Picquier, directement en poche, Rendez-vous dans le noir d'Otsuichi. De cet auteur, seul ce roman a été traduit. Mais on trouve aussi un de ses romans adapté en manga
pour adulte Goth : le coupeur de main (one-shot paru chez Pika), une histoire sombre, hommage à la culture gothique, dans laquelle deux adolescents, fascinés par la mort, expriment leur
passion pour les tueurs en séries.
Car l'auteur, de son vrai nom Hirotaka Adachi, jongle volontiers avec les ambiances morbides et les romances
mélancoliques.
Rendez-vous avec le noir fait partie de cette deuxième catégorie. Sous couvert d'une histoire de meurtre, l'auteur décrit
la rencontre tout à fait probable entre deux êtres vivants en marge de la société. La première Michiru est devenue aveugle suite à un accident et depuis la mort de son père, vie en recluse chez
elle, ne sortant jamais seule de chez elle. Akihiro, lui, est employé dans une imprimerie mais refuse de s'insérer dans la vie sociale de l'entreprise ce qui provoque dans son entourage,
quolibets et moqueries.
Ce qui est plus original dans cette histoire, c'est comment la rencontre se produit. Elle oriente l'histoire vers un huit-clos
touchant, dans lequel deux personnes vont apprendre à se côtoyer et mutuellement à s'aider à s'ouvrir à la vie extérieure. Les ficelles du polar et ses rebondissements ne sont exploités que pour
mieux soutenir un récit d'une grande intensité tout en restant très sobre et psychologiquement juste.
Autre intérêt, la culture japonaise y est bien présente mais surtout on y retrouve un des thèmes récurrents de cette littérature :
le train. Le moyen de transport le plus utilisé par les japonais et qui est le cadre de nombreux récits polardeux : Tokyo Express (Matsumoto), Les dunes de
Tottori (Nishimura), Un endroit discret (Matsumoto, encore). Si l'intrigue ici n'est pas à proprement parlé ferroviaire comme les titres cités, le
cadre de la gare, de ses quais et des express qui y circulent, font partie intégrante du récit. Décor omniprésent par lequel le drame se produit et vers lequel le cours de l'histoire ne cesse de
revenir.
Nul doute que la littérature japonaise recèle encore de petits chefs d'oeuvre comme le prouve ce court roman atypique et
fascinant.
Otsuichi Rendez-vous dans le noir
(Kurai tokoro de machiawase) (Picquier poche)
Mots-clés : cécité, entreprise, huis-clos, meurtre, polar ferroviaire