Quatrième de couverture
"Les cabaniers étaient bienveillants et soucieux du bien-être des autres. Les sourires n'étaient pas à vendre au rabais, mais
offerts généreusement à quiconque croisait leur chemin. La vie, authentique, était là, simple et tranquille. [...] Ils n'avaient pas de cimetière, leurs défunts étaient en chacun d'eux, plus
vivants encore."
Parce qu'ils habitaient des "cabanes" souvent construites illégalement au bord des canaux et des étangs de la côte camarguaise, on
les appelait "les cabaniers". C'est dans ce cadre où elle a vécu pour s'isoler à la suite de la disparition d'un grand-père vénéré, que Fabienne Gruckert a situé l'action de son premier roman ;
elle y révèle ses dons d'écrivain au service de la dimension passionnelle de son inspiration. On y découvre la vie des cabaniers, fiers, libres, en marge des lois établies, solidaires, - Nous
quitterions les cabanes comme nous y avions vécu, librement. On ne commande pas aux gens de mer, c'est elle qui leur souffle la conduite à tenir - ; le souvenir du grand-père qui hante la cabane
; mais bien au-delà, une fascination pour la mer et le monde étrange et onirique qu'elle engendre dans le cœur de la romancière. Un très beau roman d'amour, de passion, de mystère.
"Le moment venu, l'être chavire, plonge en lui-même, et la mer reprend ce qu'elle a donné."
Fabienne Gruckert de qui nous avons déjà présenté le nouveau roman Caravane n'en était pas à son premier coup d'essai. En 2001, elle écrivait
Le secret des cabaniers paru à La Mirandole.
Le roman reçut un vif succès et fut récompensé par deux prix : le Grand Prix de la Mer 2002 et la Mention Spéciale 2002 de
l'Académie de Marine. A une douzaine d'années d'intervalle, il est intéressant de voir l'évolution de la romancière et d'y découvrir quelques thèmes chers à l'auteure.
Le secret des cabaniers se passent du côté de Palavas-les-Flots, dans la région de l'Etang de l'Arnel (Arvel dans le roman) connue pour ses cabanes de pêcheurs, souvent construites sans
autorisation dès la fin du XIXe siècle le long du canal du Rhône à Sète.
Parce que la romancière y a vécu, elle témoigne avec exactitude de la vie des cabaniers et de "l'esprit des cabanes". Ainsi, suit-on Micka, une jeune parisienne, héritière de la cabane de son
grand-père. Elle y fait la connaissance de Marie et de son frère Paul qui vont l'initier à cette nouvelle vie rythmée par la pêche, la nature et les mystères qui entourent la petite communauté
solidaire. Mais ce récit ne se limite pas à une description romancée régionaliste.
Comme dans Caravane on y retrouve des éléments communs : l'eau, la nature, les animaux, l'intemporalité, l'isolement et un personnage
féminin en quête d'elle-même et de ses racines. Avec une grande poésie, l'auteure fait peser sur son histoire une chape mystérieuse. La disparition au fil des ans de pêcheurs sortis en mer attise
la curiosité, d'abord de Micka mais aussi de la police. Sans vraiment basculer dans le fantastique, le récit pourtant le côtoie souvent avec le romantisme des âmes touchées par
l'inexplicable. Et malgré la douceur apparente des personnages, la douleur, le deuil, la dureté de la vie ne sont jamais loin d'eux. Et la relation des cabaniers à la mer, l'irrésistible
attirance qu'elle génère reste plus que tout au coeur de leur existence.
(Source : blog Les
Mousquetaires de l'art - Aquarelle de Jan Paul : Intersection du Lez et du Canal du Rhône à l'entrée de Palavas les Flots)
De manière plus réaliste Fabienne Gruckert aborde aussi la disparition de ces communautés au gré des générations qui se succèdent, des constructions plus modernes qui se
développent et des lois régissant de plus en plus le littoral languedocien. Pour la plupart des cabaniers, jamais ils ne retrouveront "l'esprit des cabanes" au delà du canal. Et cette fatalité
est pour eux bien pire que la plus mauvaise des tempêtes.
Fabienne Gruckert Le secret des cabanes (La Mirandole)
Mots-clés : chronique, Languedoc, mystère, pêche, régionalisme, roman maritime