Quatrième de couverture
Peu après minuit, un corps horriblement mutilé est retrouvé sur une route à Portsmouth. La victime a été percutée par un chauffard qui a pris la fuite. Évidemment, il n’y a pas de témoins. L’inspecteur Joe Faraday est chargé de l’enquête. De l’autre côté de la ville, Bazza Mackenzie, le patron de la drogue, a embauché l’ex co-équipier de Faraday, Paul Winter, pour assurer sa sécurité. D’après la rumeur, la fille de Bazza tromperait son mari avec un flic haut gradé…ce qui est à la fois inadmissible et dangereux. A Winter de vérifier la véracité de cette rumeur et d’étouffer l’affaire avant qu’il n’y ait trop de dégâts. Faraday et Winter mènent tous deux leur enquête et révèlent, l’un et l’autre, un monde de violence et de blessures beaucoup plus profondes que personne n’aurait pu imaginer.
Ce roman
est avant tout une atmosphère et un contexte social. Portsmouth, ville portuaire et industrielle de la côte sud de l’Angleterre a vécu toutes les mutations économiques du Royaume-Uni, et souvent
pour le pire. La crise est passée par là, laissant le chômage creuser les inégalités et ouvrir la voie à la débrouillardise, l’économie parallèle, au banditisme, parfois à la terreur pour les
plus fragiles. Pas de quoi remonter le moral de Joe Faraday dont la compagne vient de partir au Canada pour une durée indéterminée.
Au début du récit, la police identifie le cadavre de Dave Munday, un voyou qui terrorisait les populations locales, soupçonné de meurtre. Seule la mère de la victime pleure son fils. La police de
Portsmouth doit mener son enquête dans un contexte très difficile, même s’il règne une euphorie toute passagère dans la ville depuis une semaine puisque le club de foot de Pompey (surnom de la
ville) vient de gagner la cup. Le reste de la population en veut à la police. A l’image des politiques, la police les a selon eux laissés tomber. C’est une histoire de défaite. On ne peut que
recoller les morceaux, mais le rêve, globalement, est brisé.
Le paradis n’est pas pour nous est une enquête, bien sûr, mais c’est aussi un portrait social, et un destin humain, un livre dans lequel on s’attache aux personnages. L’auteur sait
parfaitement bien nous faire entrer dans leurs préoccupations, il nous oblige à ressentir une forme d’empathie, à nous demander ce que l’on ferait dans cette situation. La tâche semble immense,
le problème inextricable, et tout cela est superbement bien rendu par l’écriture, par les dialogues, et par la construction du récit. C’est un polar intelligent, un livre qui fait
réfléchir.
Graham Hurley Le paradis n'est pas
pour nous (Beyond reach) (Editions le Masque)
Mots-clés : Angleterre, banditisme, corruption, crise, enquête, police, Pompey