Quatrième de couverture
Connaissez-vous Longyearbyen ? Un nom assez énigmatique pour cette capitale minuscule nichée dans l’archipel du Svalbard et
plongée une grande partie de l’hiver dans la nuit polaire.
C’est dans cette obscurité qu’un lourd manteau neigeux peine à éclaircir que la petite Ella disparaît. Le jardin d’enfants est
pourtant bien surveillé, mais les petits aiment chahuter et se cacher sous la maison, entre les pilotis. Un homme rôde qui les observe. Des traces de pas dans la neige mènent droit à la mine de
charbon. Située sur les hauteurs de la ville, cette mine est le centre de gravité de l’île.
Chacun connaît dans son entourage un ou plusieurs de ses employés. Comment une si petite ville, d’à peine 2 000 habitants,
pourrait longtemps cacher un criminel ? Le commissariat de Longyearbyen est plutôt engourdi par le manque de rotation des affaires à traiter… Rien de commun en effet entre cette disparition
inexplicable et la routine des policiers : les chasses à l’ours en scooter des neiges - leurs couloirs migratoires menacent régulièrement de traverser la ville -, les petits trafics des pêcheurs
contrebandiers ou encore le fléau de l’alcoolisme qui n’épargne pas tous les foyers… Épaulé par des agents venus de métropole, le commissariat parvient à recouper plusieurs pistes quand le père
d’Ella disparaît à son tour.
Nouvelle victime.
D'abord un grand bravo aux éditions Gaïa, spécialistes depuis longtemps de
la littérature scandinave. Cette année, ils ont décidé de relooker leur collection polar et le résultat est très qualitatif. Une charte visuelle très belle et des ouvrages souples, agréables à
lire en grand format. Parmi les nouveautés, c'est le roman de Monica Kristensen qui nous a tenté et c'est avec un très grand plaisir que nous vous le présentons car c'est un
récit plein d'intérêts tant au niveau de la trame qu'au niveau de son contexte géographique, sociologique et économique.
Pour commencer, il faut situer le Svalbard. C'est un archipel norvégien situé au plus près de l'arctique. Il y fait froid, la
nuit polaire occupe une bonne partie de l'année et la population réduite (environ 2300 habitants) est surtout concentrée sur l'île du Spitzberg et principalement dans la ville de Longyearbyen. Et
si l'auteure arrive si bien à nous décrire ce décor c'est qu'elle y vit.
Développer une série de polars dans un univers aussi clos peut paraître ambitieux surtout quand la police elle-même reconnaît que les crimes les plus courants se limitent à quelques vols, ivresse
sur la voie publique ou altercations conjugales. Comme le prouve Le Sixième homme, pas besoin de meurtres horribles et sanglants pour nous tenir en haleine. Ici c'est la disparition
d'une enfant de cinq ans qui crée l'effervescence sur l'île mais le réflexe premier reste de croire que son père est venu la chercher. Sauf que ce dernier reste aussi introuvable et qu'il va donc
falloir creuser un peu plus. Pourtant ce qui ressort de ce polar c'est justement le manque de paranoïa de la part des habitants et de la police. Incapables d'imaginer le pire, ils craignent
surtout pour le froid, que la petite se soit égarée et tombée dans une congère. Cette disparition devient le lien entre chacun des personnages et le prétexte pour nous décrire une communauté très
solidaire affrontant au quotidien la rigueur de la mine ou de la pêche, la rudesse du climat, mais aussi les troubles que peut engendrer une nuit quasi permanente ou l'alcool dans le lequel
beaucoup se noient.
Le sixième homme est le deuxième volet (mais le premier et le seul pour l'instant traduit) d'une série mettant en scène le policier Knut Fjeld. On peut facilement imaginer que ce roman
soit le meilleur pour aborder la série mais aussi et surtout qu'il est surtout celui qui pose le mieux le décor du Svalbard. Effectivement, au delà de l'enquête, on suit toute l'économie du
charbon, de ses mines et de ses fantômes, de la pêche, de ses crevettiers et des tempêtes qui les menacent. On observe la nature et on tente de la protéger. L'ours blanc, le renard des neiges ou
encore les rennes croisent régulièrement la route des humains. Le son des motoneiges résonne sur la banquise alors que l'ombre du Perriertopen (un des points culminants de l'archipel) surplombe
le permafrost. C'est aussi ça que vous découvrirez. Dépaysement garanti !
Monica Kristensen Le sixième homme (Kullunge)
(Gaïa polar)
Mots-clés : Arctique, disparition, enquête, environnement, froid, île, mines, Norvège, trafic, vengeance
Bonus
Longyearbyen : durant les nuits polaires (ci-dessus)
page 45
Un lavvo en rondins (tente traditionnelle du peuple sami en forme de tipi)
page 51
Le 8 mars on célèbre le retour du soleil après plusieurs mois de nuit polaire : la fête du Soleil
Ours et renard des
neiges
page
75
Le Billefjord
page 98
Les mines de Store Noske dont la mine 1 inaugurée en 1906 par John Longyear
page
115
Le Vestfonna : une calotte glacière au nord du Svalbard
page 134
Le hameau de 3 maisons de Brucebyen construit en 1920 un explorateur écossais. Il existait une quatrième maison qui a brûlé en 2010 après le passage de randonneurs inconscients.