Quatrième de couverture
La sublime Emiko n'est pas humaine.
C'est une créature artificielle, élevée en crèche et programmée pour satisfaire les caprices décadents d'un homme d'affaires de
Kyoto. Êtres sans âme pour certains, démons pour d'autres, les automates sont esclaves, soldats ou jouets pour les plus riches, en ce XXIe siècle d'après le grand krach énergétique, alors que les
effets secondaires des pestes génétiquement modifiées ravagent la Terre et que les producteurs de calories dirigent le monde.
Qu'arrive-t-il quand l'énergie devient monnaie ? Quand le bioterrorisme est outil de profit ? Et que les dérives génétiques font
basculer le monde dans l'évolution posthumaine ?
Bangkok dans un futur indéterminé. Les ressources énergétiques ont disparu
et il faut trouver d'autres sources. Anderson Lake est un occidental à la solde des multinationales qui ont investi dans la génétique en trafiquant notamment les animaux mais aussi les semences
devenues pour la plupart stériles. Ils sont aussi à l'origine de virus ravageurs qui ont décimé une bonne partie de la population mondiale. Bangkok, la capitale d'une Thaïlande qui a asservi
birmans, malais et chinois. Une cité dirigée par deux ministères : ceux de l'Environnement et du Commerce.
Paolo Bacigalupi, qui a remporté le prix Hugo pour ce roman, est une sacrée révélation pour la SF contemporaine. Son roman s'ouvre sur une description fascinante d'une usine
d'algues, nouvelle source d'énergie, que dirige Anderson Lake. 600 pages plus tard, le chaos de la guerre civile et du putsch vient clore un roman d'une richesse et d'une densité incroyable. Aux
travers d'une multitude de personnages représentatifs des différentes catégories politiques ou sociales de cette Thaïlande futuriste, Bacigalupi décrit un monde corrompu fait de
trafics, de complots, de double-jeux et de racisme. Un monde où la pauvreté enrichit les déjà très riches, où la perversion côtoie le peu de spiritualité qu'il reste à cette Asie en mutation,
prise en otage par l'Occident dont elle cherche désespérement à s'émanciper notamment grâce à un grenier à semences non encore perverti. Mais c'est sans compter les intérêts personnels de chacun
car il y a beaucoup à gagner à être du bon côté. Et dans ce climat délétère, Emiko, la "tic-tac", l'automate, rêve de liberté, d'un Eden où elle et ses semblables pourraient vivre sans le joug
des humains. Elle ne doute pas une seconde de ce qu'elle va déclencher.
Ce roman nous transporte littéralement. Il est certes un peu complexe car il faut suivre plusieurs personnages, s'approprier quelques mots locaux et s'immerger dans le contexte politique mais on
a du mal à le lâcher. Il décrit avec subtilité le machiavélisme et les capacités humaines à chercher toujours et encore à s'enrichir. Même si ce sont d'énormes mastodontes (éléphants
génétiquement modifiés qui pourraient rappeler les mammouths) qui font tourner les turbines des usines, même si la hausse du niveau de la mer a rayé des villes entières, même si de nouvelles
épidémies menacent encore la population, il est triste de s'imaginer que quelque soit la tournure que prendra l'avenir de l'humanité, il continuera à y avoir des gens plus influents, plus riches,
plus pervertis pour toujours asservir son prochain.
Paolo Bacigalupi La fille automate (The windup girl) (Au Diable
Vauvert)
Prix Hugo 2010
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Mots-clés : automates, corruption, dystopie, environnement, génétique, politique, social, Thaïlande, virus
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Paolo Bacigalupi - La fille automate (2009)
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